Contrefaçon des pièces de rechange : État et importateurs doivent travailler de pair pour en venir à bout !

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Entretien avec Mohamed El Housni, Directeur général de la Copima et Président du Groupement Interprofessionnel de l’Automobile au Maroc (GIPAM)

Nous parlons beaucoup de contrefaçon de pièces de rechange au Maroc… est ce qu’il n’existe pas de lois à ce propos ?

Au Maroc il existe bien évidemment des lois contre la contrefaçon. Mais le problème n’est pas tellement que ces lois existent, mais plutôt comment elles s’appliquent ! Les importateurs sont tous soumis à des contrôles très rigoureux de qualité qui ont permis d’assainir de façon sensible le marché. Il s’agit d’une chose extrêmement positive certes, mais qui n’a toujours pas réussir à éradiquer le problème de la contrefaçon.

Comment donc ?

Certaines pratiques sévissent toujours malgré tout. Par exemple, certains importateurs vont essayer de contourner la loi en important des pièces de rechange qui ne seront pas conformes. Au niveau du GIPAM, nous avons une fois amené une personne devant la justice car elle ne respectait pas les règles en vigueur quant à la conformité des pièces de rechange, mais que représente une seule personne dénoncée face à un système nébuleux composé de tout un cartel qui opère dans la clandestinité ?

Que peut concrètement accomplir une organisation comme le GIPAM à ce niveau ?

Concrètement, nous ne pourrons avancer que main dans la main avec l’administration publique. Tous nos efforts doivent être réalisés de pair et concorder afin qu’ils puissent produire le plus d’impact possible. Par exemple, au niveau du GIPAM, nous n’avons pas les moyens de contrôle dont dispose l’administration. En revanche, nous sommes des gens du métier et nous savons tout ce qui se passe sur le marché. Nous pouvons donc apporter nos lumières à l’administration pendant que cette dernière nous apportera sa force de frappe. Nous avons déjà tenu plusieurs réunions avec les responsables et aujourd’hui il est plus que jamais temps de passer à des actions palpables.

Le prix des pièces contrefaites reste tout de même alléchant…

Vous savez, personne n’a intérêt à laisser sévir la contrefaçon. Je vais vous dire une chose : la contrefaçon est devenue tellement banale au niveau des pièces de rechange au Maroc, que plusieurs de mes clients aujourd’hui me demandent si je ne vends pas des pièces de « deuxième choix » qui seraient moins chères ! Le client marocain est malheureusement aujourd’hui fermement convaincu qu’il existe des pièces de premier choix et de second choix produites par le constructeur !

Vous convenez qu’il n’est pas facile pour le client de faire aujourd’hui la différence entre la pièce authentique et celle contrefaite…

La contrefaçon est un véritable fléau. Savez-vous que beaucoup de marocains achètent aujourd’hui des pièces de rechange contrefaites sans même savoir qu’elles le sont ? Sans le savoir, ces personnes font, malgré eux, un mal considérable à l’économie du pays tout en mettant leur vie et celle des autres en danger. Il n’existe pas de « second choix » en matière de pièce de rechange et il existe « une seule qualité » car on ne saurait réduire le rendement ou la sécurité que procure une pièce de rechange uniquement pour des considérations d’ordre économique.

Et si l’on parlait aussi des ferrailleurs ?

Il s’agit d’un autre problème tout aussi complexe. Aujourd’hui, la ferraille au Maroc a pris une ampleur telle qu’elle commence à représenter la règle chez le consommateur qui désire se procurer des pièces de rechange automobile. Nous sommes dans un pays qui se bat pour que son parc automobile devienne plus moderne et moins polluant. Nous empêchons par exemple que des voitures d’occasion étrangères soient dédouanées au Maroc. Nous avons la ferme volonté de vouloir faire en sorte de rajeunir nos flottes automobiles. Pourtant nous continuons à tolérer que des conteneurs entiers de moteurs usagés et polluants par exemple continuent à être acheminés de l’étranger vers le Maroc pour être revendus dans les ferrailles locales ! De plus, les ferrailles ont complètement anéanti certains métiers liés notamment à la réfection des moteurs ou encore les métiers des diésélistes. Les ferrailles vendent également certaines pièces de rechange qui peuvent être dangereuses pour le consommateur du fait de leur âge ou de l’absence de contrôle sur leur conformité.

Eradiquer les ferrailles au Maroc serait, selon vous, une solution viable ?

Il est impossible d’éradiquer les ferrailles au Maroc pour des raisons que l’on peut facilement comprendre et imaginer. Tout d’abord, ces ferrailles font vivre des centaines de familles. Il existe donc une dimension à la fois sociale et humaine qu’il ne faut guère occulter. En revanche, il existe plusieurs façons de traiter un même problème. Par exemple, on peut renforcer le contrôle sur les activités des ferrailleurs ou leur imposer des normes ou des quotas liés aux importations de pièces usagées qu’ils opèrent… les solutions sont nombreuses.    

Propos recueillis par Mohamed Mounadi

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.rechange-maroc.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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