Entretien avec Mehdi Salhi, responsable chez Engima, société d’ingénierie qui se spécialise dans l’impression 3D
Parlez-nous un peu de Engima ?
Engima est une société d’ingénierie composée de 5 pôles à savoir un pôle rétro-ingénierie et d’autres en matière de métrologie, de scan de l’environnement et d’impression 3D. En ce qui concerne la partie rétro ingénierie, nous sommes les représentants au Maroc du leader mondial Faro en matière de modélisation de pièces mécaniques : celles-ci sont scannées puis modélisées en 3D. Nous imprimons donc des prototypes de pièces mécaniques avant qu’elles ne soient fabriquées à grande échelle.
Ce procédé est-il courant dans la rétro industrie ?
Oui ce procédé est très utilisé dans le domaine. Pour ce qui est du scan d’environnement nous utilisons un faisceau laser qui accomplit le relevé d’un endroit donné à 360°. Les informations collectées suite à ce scan forment par la suite un nuage qui est modélisé au millimètre près. Cette technique peut faire appel à 2 technologies différentes : le scanner statique et le scanner mobile.
Qu’est ce qu’un scanner mobile ?
C’est celui qui permet de se déplacer dans une maison par exemple et de prendre le scan de tout son environnement avec un post-traitement qui s’accomplit en temps réel. La différence entre le scanner mobile et le scanner statique, c’est qu’avec le mobile je peux effectuer plusieurs scans et accomplir par la suite un alignement ou chevauchement de ceux-ci sur un logiciel de post-traitement. Ce scanner permet d’enregistrer et de traiter des milliers de données en temps réel. A la fin, je suis capable de faire un relevé, effectué avec ce scanner mobile pendant toute une journée, et ce en à peine 10 à 15 minutes !
Quelles sont les pièces mécaniques les plus imprimées en 3D ?
Toutes les pièces sans exception ! Aujourd’hui, les constructeurs automobiles du monde entier font appel à cette technologie pour toutes les pièces prototypes qu’elles désirent modéliser. Il convient de préciser qu’en matière d’impression 3D, il existe plusieurs technologies : l’impression dite « dépôt de fils » qui fait appel à une matière spécifique et l’impression sur résine avec une plaque remontant d’un bassin de résine et qui forme progressivement la pièce.
Est-il possible de faire de l’impression 3D sur du métal ?
Bien sûr, avec un laser qui modélise la poudre en solide.
Est-il possible d’imprimer des pièces à une échelle industrielle : par exemple, 1000 pièces en une journée ?
Pas pour le moment, mais bientôt ce sera possible ! Les procédés d’impression 3D utilisés pour le moment restent encore relativement lents. Une petite pièce de la taille d’un cœur humain peut par exemple prendre jusqu’à 1h30 avant d’être complètement imprimée. Une pièce plus grande pourrait prendre jusqu’à 4h.
Utilisez-vous cette technologie uniquement pour les pièces rares ?
Oui pour les pièces rares et pour le prototypage rapide. Je peux par exemple obtenir physiquement une pièce dont j’ai fait la conception sur ordinateur pour voir ce que ça donne.
Quels sont vos clients au Maroc ?
Dans l’automobile nous collaborons avec Renault, notamment avec Somaca dans le cadre de modélisation de pièces prototypes dans le domaine industriel. En ce qui concerne la partie impressions de pièces hors automobile, nous prospectons des industriels tous azimuts. En ce qui concerne l’activité scan d’environnement, nous prospectons surtout des architectes, des topographes et des sociétés de construction.
Propos recueillis par Mohamed Mounadi