Mohamed Ali Bani, Directeur de site et responsable du marché Maroc de Misfat

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« Depuis deux ans, le marché se structure grâce aux centres auto et au label Salamatouna »

Quels sont les chiffres de marché des différents types de filtres au Maroc ?

Le marché marocain du filtre est principalement un marché de prix, avec une valeur d’importation de quelque 30 millions d’euros, d’après l’Office des changes. Le marché connaît une régression en volume de l’ordre de 2,5 %, mais une augmentation en termes de chiffre d’affaires de 0,5 % par rapport à 2017. Les principaux pays d’importation, au Maroc, sont la Chine (24 % du marché du filtre), la Tunisie (12,13 %) et enfin la Turquie.

Quels sont les acteurs présents localement et comment se répartissent-ils le marché ?

Il y a plus de 200 marques sur le marché donc il n’y a pas de monopole ou une marque qui ressort plus qu’une autre. Nous, nous travaillons avec Misfat, Mecafilter et Lucas, ce qui nous permet de détenir environ 11 à 12 % de parts de marché, sans compter que nous avons une usine sur place qui fabrique des filtres pour les PL. Nous sommes donc l’un des spécialistes, mais aussi l’un des leaders de la filtration. Notre principal concurrent est Parker – anciennement Sinfa – qui dispose de la deuxième usine locale de fabrication de filtres.

D’autre part, la plupart des produits chinois sont des filtres soit importés en vrac, sans étiquette, soit des filtres avec un emballage spécifique à chaque client, comme les marques de distributeurs (MDD). Les marques Premium, quant à elles, ont une place de choix dans tout cela puisque, historiquement, les grands distributeurs travaillent avec des équipementiers de renom comme Mann Filter.

Certains types de filtres sont-ils plus travaillés que d’autres, et pourquoi ?

Au Maroc, le cheval de bataille, c’est le filtre à huile. Et principalement pour Renault Dacia car le parc tend, depuis une dizaine d’années, vers les véhicules de cette marque qui capte 40 % des ventes de véhicules neufs au Maroc. D’autant qu’il y a eu un décret pour renouveler les taxis, en l’occurrence les grandes Mercedes, qui ont été remplacés par des Dacia Lodgy. Donc il y a une très forte rotation sur le top 20 des références, sur le fameux filtre à huile Renault Dacia. Ensuite, globalement, nous ne faisons pas changer les filtres à air et à gasoil systématiquement à chaque vidange, mais plutôt une fois sur deux, avec le filtre à huile.

Il semblerait que le filtre d’habitacle soit «le parent pauvre» du marché de la filtration au Maroc, qu’avez-vous à dire sur ce sujet ?

Nous n’avons de cesse de sensibiliser sur le filtre d’habitacle car chez nous, c’est une intervention assez rare, c’est vrai. Nous faisons des campagnes avec Speedy pour sensibiliser le public, une fois par an, mais ce n’est pas dans la culture du consommateur marocain. De fait, en volume, le filtre à huile représente 50 % du marché, et le reste est surtout détenu par les filtres à huile et à gasoil… avec une part infime pour le filtre d’habitacle. Si la plus grande partie du volume de la filtration se réalise dans les stations service, c’est-à-dire là où les taxis font leur vidange, c’est surtout dans les réseaux structurés, type concessions, que se changent les filtres d’habitacle. Mais les centres autos, au Maroc, prennent de l’ampleur : Speedy, Midas, Point S, Foramag (qui travaille avec les huiles Motul) … Ces centres autos ont clairement une incidence sur le marché du filtre. Depuis deux ans, le marché se structure grâce à eux, mais aussi grâce au système de labellisation mis en place par le ministère de l’Economie pour sécuriser et rassurer le consommateur. Actuellement 15 sociétés, dont la nôtre, ont ce label Salamatouna. Et à travers ce label, nous vendons des produits traçables et conformes aux normes marocaines. Cela permet de professionnaliser beaucoup notre travail.

Quels sont vos leviers d’action pour vous démarquer de la concurrence sur le marché marocain ?

Notre stratégie est de travailler sur l’horizontal, par rapport au développement des marques. Par exemple, nous faisons la marque Misfat, mais si nous ne faisions qu’elle, nous serions limités à 4 ou 5 distributeurs. Or, nous ne livrons pas les « piéçards » et ne travaillons qu’avec les grands distributeurs. Donc si nous voulons développer notre business, nous sommes obligés de travailler avec plusieurs marques. Nous avons également le projet, avec un grand pétrolier, de faire une MDD qui sera distribuée en premier lieu au Maroc. L’idée sera de proposer un filtre pour éviter la tentation d’opter pour des produits mal sourcés, produits qui limitent la performance des lubrifiants du pétrolier avec lequel nous nous associons. Donc notre levier, c’est vraiment d’offrir des nouveautés…

Les réparateurs marocains ont-ils conscience de l’importance de travailler les filtres ? Comment y veillez-vous ?

Il y a deux types de réparateurs. Ceux qui sont structurés avec lesquels nous faisons des promotions et là, il n’y a pas de problème. Et puis il y a les réparateurs qui ne voient que le prix de la vidange car certains, comme les taxis, font deux vidanges par mois. De fait, ces réparateurs là vont vers le filtre le moins cher, qui est de mauvaise qualité et qui n’est pas bien sourcé. Du coup, jusqu’à l’année dernière, beaucoup de filtres non conformes ont été introduits dans le Royaume, sans compter la contrefaçon qui est énorme. Mais le ministère via les labellisations, s’efforce d’enrayer cela. D’ailleurs, depuis 2 ans, le label Salamatouna existe sur les produits agroalimentaires, et cela fonctionne très bien.

Un mot sur votre site de fabrication marocain ?

Nous nous sommes spécialisés dans le filtre à air PL au Maroc car le marché est potentiellement intéressant, et être sur place, c’est être plus compétitif car nous évitons ainsi les surcoûts exorbitants liés au transport sur ce type de pièces. Nous sommes ainsi les premiers fabricants sur le marché en termes de filtres à air PL, avec une capacité de production de 500 000 filtres par an. Des filtres que nous packageons Misfat, Mecafilter, mais aussi sous une dizaine de MDD. A l’export, nous livrons des noms tels que Bosch, Mitsubishi, Sogefi, directement depuis notre site marocain. Et cela donne une vraie légitimité à notre marque.

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.rechange-maroc.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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