Succès au rendez-vous pour le Salon M.A.T.

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Le salon a fermé ses portes le samedi 15 décembre sur une affluence record, signant la réussite de la première édition du Salon International de la Pièce de Rechange Automobile au Maroc, mis sur orbite par le Gipam.

Un nombre de visiteurs montant crescendo du premier jour au dernier, des exposants débordés par les demandes d’information, par les visites de clients de tout le pays, des fournisseurs internationaux impressionnés et en appui des distributeurs exposant, des institutionnels opérationnels proposant de nouvelles formes de coopération… Indiscutablement le Salon Moroccan Automotive Technologies a atteint ses objectifs et rencontré le succès. Comment l’expliquer ? Plusieurs raisons président, comme toujours, à la réussite d’un tel événement, cependant, l’une d’entre elles se détache nettement. Il s’agit de l’esprit fédérateur du Gipam (Groupement Interprofessionnel de l’Automobile au Maroc) qui a mobilisé ses membres au-delà de toute espérance. Des professionnels qui se sont investis dans l’élaboration, certes, du salon, mais aussi en venant, groupés, exposer, témoignant par-là, de la confiance qu’ils portaient à leur projet et de l’ambition de chacun à participer activement à son succès. Bien sûr, quelques-uns manquaient, mais le fait qu’on les identifiait révélait que tous les autres étaient bien là. Et certains manquants, depuis, ont déjà annoncé qu’ils viendraient pour la prochaine édition, comme l’affirme Mohamed Ouzif, secrétaire général du Gipam et patron de Gaupa : « Au niveau national, quelques entreprises, qui ont douté de la bonne réalisation de notre initiative, se sont déclarés pour la fois prochaine. On a même vu des sociétés prendre un stand la veille de l’ouverture, parce qu’ils s’étaient rendu compte, au dernier moment, de l’intérêt que cela représentait, et de l’ampleur de cette « première ».
Un constat que Mohamed El Housni, le président du Gipam et à la tête de Copima, conforte en recentrant le débat sur la responsabilité de chacun : « Nous nous réjouissons que la plupart des grands distributeurs aient participé au Salon, même si nous avons été déçus par quelques absents, dont nous ne comprenons pas la décision. En effet, un salon professionnel, dédié à notre métier, se veut la meilleure façon de communiquer sur ce qu’on vend, sur les gens qui travaillent dans note profession, sur nos valeurs. On peut venir sur un salon pour communiquer sur notre marché, c’est même notre responsabilité à tous, de venir la main dans la main, pour pouvoir élever le niveau de notre marché sans, pour autant, se focaliser, sur sa propre entreprise. Mais ne boudons pas notre plaisir, la plupart sont là et nous sommes convaincus que la prochaine édition verra tous les acteurs rassemblés autour de la promotion de notre profession et aussi de sa défense ».

Un positionnement clair et pertinent

Une autre explication du succès est à chercher du côté du positionnement donné au salon. Il ne fait part à aucun doute et s’affiche clairement à tous, par les exposants auprès des visiteurs en amont de la manifestation, et par le Gipam auprès des partenaires, fournisseurs comme institutionnels. En nommant le salon comme « salon de la pièce de rechange », mais surtout, en présentant comme exposants, les grands noms de la distribution indépendante du pays, la manifestation évitait l’écueil de la confusion avec un salon de la construction automobile, de l’industrie première monte, de la sous-traitance ou encore de la distribution de véhicules. Un positionnement qui n’a pas échappé au tout nouveau président de la Fédération de l’Automobile au Maroc, et PDG d’Induver, Mohamed Abdelmoumen : « Je ne m’attendais pas à un événement de cette taille et qui mérite toutes les félicitations. En même temps, je ne suis pas surpris, connaissant les acteurs du Gipam, qui ont déjà montré leur détermination et ce qu’ils savaient faire. Et si je prends ma casquette de chef d’entreprise, je rappellerais qu’en Chine, les grands fabricants de pièces de rechange viennent des distributeurs. Au Maroc, d’une autre manière, le secteur automobile provient de la Somaca, et des fabricants de pièces de rechange, qui se sont reconvertis. Chez Induver, nous fournissons le rang 1, avec un million de pare-brise vendus par an, mais je n’oublie pas qu’au départ, c’est la rechange qui a conduit le développement de l’entreprise. Et si l’on regarde du côté de l’Afrique et du secteur de la rechange, qui intéresse énormément les européens, notre secteur a besoin de représentants de la rechange et de l’industrie, pour construire quelque chose ensemble, pour décoller ensemble. Et ce salon ne peut que me réjouir par les promesses qu’il fait naître ». Côte à côte, en effet, les stands des distributeurs importateurs de pièces et ceux des fabricants de pièces marocains pour la rechange montraient bien le positionnement après-vente du salon. De même, les stands des institutionnels, des douanes, du dépôt de marques, des fédérations axaient tous leur communication sur les solutions dédiées à l’Aftermarket. Ce qui n’excluait pas de traiter des grandes tendances de la première monte que révélaient les fournisseurs en avant-première sur le stand de leurs partenaires.

Un investissement humain en amont et pendant le salon

Conscients de la difficulté qu’il y aurait à imposer un nouveau salon sur le marché, après des années d’arrêts et quelques mauvais souvenirs, les exposants distributeurs ont bien pris en compte la nécessité pour eux de faire venir le plus de visiteurs possibles. C’est ainsi, qu’en plus de la communication de l’organisateur délégué (qui, notons-le, aurait pu être plus ciblée et plus travaillée) chaque distributeur a invité clients et prospects et les a relancés pour qu’ils viennent nombreux au salon, comme l’explique Chakib Hafyane, vice-président du Gipam et directeur général de Kaufmann et de Standard Auto : «Exposer sur un salon professionnel est de notre responsabilité en tant que professionnel de la filière, et même si l’organisateur n’avait pas été le Gipam, nous aurions exposé comme nous l’avons toujours fait, « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Avant de poursuivre : « Il faut promouvoir et communiquer sur nos activités, sur nos métiers. Nous avons envoyé des flyers, des mailings, des invitations aux garagistes bien avant le salon et ce auprès de nos clients comme de nos prospects. Comme nous avons développé l’activité équipement de garage, le salon était une excellente occasion de proposer des solutions aux garagistes et aux professionnels en général, et pour cela il faut d’abord les contacter, les faire venir, et cela demande un gros travail en amont ». Mais un travail payant, puisque le stand n’a pas désempli, et même côté clients, Chakib Hafyane en a rencontré qu’il n’avait jamais vus auparavant, comme beaucoup de ses confrères d’ailleurs ! Il est vrai que malgré leur investissement d’avant salon, ils ne s’attendaient pas à voir venir des clients de l’autre bout du pays, une bonne surprise qui constitue un bon argument pour la prochaine édition.

Animer, réfléchir et s’engager

Parallèlement, les membres du Gipam et plus généralement l’ensemble des exposants ont aussi participé à l’animation du salon en intervenant sur les tables rondes orientées sur la modernisation de la distribution (commençant avec un état des lieux du marché de l’après-vente jusqu’à Salamatouna, en passant par la lutte contre la contrefaçon) et sur l’industrialisation du secteur après-vente de l’automobile. Là, encore, avec des interlocuteurs véritablement au cœur des métiers de l’après-vente et de son environnement (comme les douanes, les administrations et les fédérations), l’assistance a bénéficié de présentations et d’informations de qualité mais aussi de déclarations d’intention. Nous en avons retenu deux, l’une du représentant de la Douane, qui s’est dit prêt à signer une convention de partenariat avec le Gipam (à l’image de celle qu’ils ont avec Renault) afin de mieux identifier les marques et les circuits pour aider la distribution indépendante et leurs fournisseurs à lutter contre la contrefaçon (une invitation à laquelle s’est greffée également PSA, à la satisfaction de tous). L’autre déclaration  a été effectuée par le Président de la Fédération Automobile au Maroc, Mohamed Abdelmoumen, qui s’est dit enthousiaste à l’idée de coopérer avec le Gipam et avec l’Amica au sein de la nouvelle Fédération de l’Automobile pour lutter ensemble contre la concurrence de la contrefaçon et aussi pour la promotion des produits fabriqués au Maroc dans le circuit de la distribution indépendante : « la distribution soutiendra la partie industrielle et grâce à la labellisation portée par l’Amica et le Gipam, nous devrions réussir » a-t-il commenté, avant de rappeler avec force bon sens : « On parle beaucoup de l’industrie 4.0, et nous l’avons mise en œuvre chez Induver, mais cela a exigé un investissement de 4 millions d’euros. Ce n’est pas dans la priorité de la filière. Il nous faut d’abord soutenir la rechange, les entreprises de fabrication Aftermarket, travailler sur la professionnalisation de la filière avant de s’attaquer au 4.0 ». Ce à quoi, Mohamed Lacham, Président de l’Amica, a renchéri en pointant du doigt la nécessité d’un écosystème, afin « d’apporter du support aux entreprises localement. Tout cela aboutira à l’optimisation de l’intégration locale, un processus qui valorise tous les échelons de la filière ». Mohamed El Housni terminera par ces quelques mots : « Nous, distributeurs, n’avons pas de problème pour distribuer et vendre des produits made in Morocco, mais il faut reconnaître que nous communiquons, tous, encore trop mal sur ce sujet. En 2019, le Gipam créera des commissions de travail, auxquelles seront conviés des membres de l’Amica et du Gipam, afin de valoriser les produits marocains. J’ai parfois du mal à accepter d’importer des produits basiques, qu’il serait aisé de fabriquer localement. »

Des fournisseurs bluffés et volontaires

Certes, ils étaient peu nombreux, encore, à exposer « en propre ». On pouvait voir, ainsi, de petits stands retenus par Valeo, Motor Service, ETAI, ou NTN-SNR pour les internationaux, et de plus importants pour les marocains, Induver, Gaupa, Plastex, Siprof … mais l’essentiel n’était pas là. En effet, les fournisseurs partenaires, les équipementiers étaient très présents sur les stands de leurs distributeurs (en témoigne notre rubrique « Au fil des Allées »). Très présents, et très actifs pour fournir informations, données techniques, conseils… Federal-Mogul ayant ainsi, par exemple, effectué des démonstrations techniques, sur la base de son nouveau concept Gurus, tout au long du salon, grâce à l’implication d’une forte équipe.  Des équipementiers venus nombreux mais prudents, comme l’explique Mohamed El Housni : « Tout le monde est agréablement surpris, parce que les équipementiers ne s’attendaient pas que ce soit comme cela, un comportement que l’on comprend facilement, parce que depuis le temps qu’il n’y avait pas eu de salon, tout pouvait être imaginé. Malgré cette incertitude, et le fait que lancer une première édition soit compliquée et risquée, nos fournisseurs ont répondu présents et nous ont soutenus alors que la date elle-même, en fin d’année, ne semblait pas initialement adéquate. Un soutien qui nous a beaucoup plu et pour lequel nous sommes très reconnaissants ». Même son de cloche chez NTN-SNR Maroc, la filiale marocaine du groupe, dont le directeur général Hassan Mahrez commente l’engagement : « Il était temps d’avoir un salon pareil et il faudrait le dupliquer, l’étoffer, lui donner une plus grande dimension encore, qu’il se place comme un hub vers les pays africains ». Et si l’on se penche sur les commentaires des fournisseurs rencontrés au fil des allées ou sur les stands de leurs partenaires, les échos se font écho ! Farid Sihocine de Kyb annonce « qu’à la prochaine édition, il participera d’une façon ou d’une autre. Franchement, pour une première, je félicite les organisateurs, c’est vraiment l’événement qu’on souhaitait pour le Maroc, et je suis convaincu qu’il va prendre de l’ampleur. J’aimerais voir plus d’équipementiers, plus de communication aussi. » Pour Mehdi Baumel, de Delphi, « C’est une bonne chose que la profession ait pris les devants afin de mettre en valeur leur distribution et leur profession, le métier en lui-même ». Alors, si beaucoup réclament les stands des équipementiers en propre, d’autres comme Driss Guennoun, secrétaire général adjoint du Gipam et directeur général de Getcomar, n’entendent pas leur mettre la pression, au contraire : « Je ne suis pas convaincu qu’il soit nécessaire que les fournisseurs prennent des stands eux-mêmes. Notre partenariat repose sur le fait que nous soyons présents face à nos clients, ils n’ont pas besoin d’être là en propre, puisque nous faisons le travail en présentant les produits et les techniques. Mais ils sont libres. » Et si l’on considère le nombre d’équipementiers venus voir l’équipe de Getcomar et la façon dont ils ont été reçus, on peut ajouter libres et bienvenus !  On ne saurait clore ce rapide aperçu sans citer la vision de Julien Le Grix de Garrett Advancing Motion : « l ’association sur un même lieu entre salon de l’auto et salon de l’après-vente, franchement, n’apportait rien. Les visiteurs du salon de l’auto n’avaient rien à faire du salon de l’après-vente et inversement (autrefois ndlr). Je vois beaucoup plus un salon qui se structure autour de la famille de la pièce détachée, y compris avec la première monte et une présence plus accrue des constructeurs, et tous rassemblés autour de la pièce. » Un bon positionnement en somme !

   Hervé Daigueperce

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.rechange-maroc.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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