Tarek Attia, regional sales manager North et West Africa de Federal-Mogul Motorparts

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Federal-Mogul Motorparts a, lui, aussi été confronté aux bouleversements de fin d’année induits par les nouvelles lois sur l’importation en Algérie. Pourtant, le bilan 2017 pour les marques Payen et Goetze est plutôt positif. Et pour cause. Pour Tarek Attia, regional manager pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest : « Nous avions très bien débuté l’année. Du coup, nous réalisons globalement un exercice 2017 en hausse. Ces nouvelles lois n’ont pas eu un impact immédiat sur le marché. En effet, comme l’Algérie a tendance à pratiquer le sur-stockage, il n’y aura pas de manque réel de pièces avant au moins deux ou trois mois. Les effets des nouvelles lois sur l’importation se feront donc probablement sentir sur l’exercice 2018, mais pas sur 2017. D’ailleurs, déjà, nous sommes en mesure de dire que le mois de janvier 2018 est un mois difficile ». Un constat qui est loin d’effrayer Tarek Attia. Depuis 20 ans qu’il travaille en Algérie, l’homme est rompu aux habitudes locales et s’en émeut à peine : « Quasiment tous les ans, le gouvernement met en place une nouvelle loi qui a pour effet de ralentir le marché… jusqu’à que les acteurs arrivent à se conformer ! ». Quant au Royaume du Maroc, Payen et Goetze y ont aussi progressé en 2017, à niveau égal avec l’Algérie… Une bonne année, donc.

Producteurs locaux et équipementiers : à armes égales

Côté produits le marché de l’étanchéité en rechange ressemble à s’y méprendre, d’après Federal-Mogul Motorparts, au marché européen. Joints de culasse, pochettes complètes, bagues d’étanchéité, tous les produits ont la cote. A une exception près cependant : « Les boulons de cylindre. Cette pièce fait partie, chez Goetze et Payen, de la famille étanchéité. Or, si, en Europe, il est obligatoire de les changer à l’occasion des révisions moteurs, ce n’est pas le cas au Maghreb. Les réparateurs réutilisent donc les mêmes boulons », précise Tarek Attia. Si Federal-Mogul se positionne en leader sur le marché de la première monte, sa présence en IAM – hormis sur les véhicules industriels Renault où il occupe la place de numéro 1 – est loin d’être aussi évidente. La faute à une concurrence sévère, des équipementiers, d’une part, mais aussi des producteurs locaux, d’autre part. En effet, au Maroc notamment, et sur le VL en particulier, les spécialistes de la pièce d’étanchéité sont sérieusement concurrencés par une production locale qui a débuté sous licence avec des équipementiers européens, depuis de nombreuses années. Résultat : des prix défiants toute concurrence et une qualité loin d’être négligeable. « De fait, la production locale détient, au Maroc, une part importante du marché », souligne Tarek Attia. Sans compter les casses qui, elles aussi, entrent en concurrence avec les équipementiers sur les ventes de pièces d’étanchéité. Surtout au Maroc et en Tunisie où l’importation de pièces d’occasion n’est pas prohibée. « Un moteur d’occasion en casse est globalement moins cher que de changer des pièces et c’est également plus rapide. Forcément, cela satisfait les clients, même si ces derniers n’ignorent pas que leur moteur durera forcément moins longtemps… ».

Quant à la concurrence dite« exotique » elle est, sur ce secteur bien spécifique, quasi inexistante. A part, peut-être, sur des petites pièces, la contrefaçon ne rivalise pas avec les grands noms de l’équipement automobile. Pourtant, il fut une époque où les choses étaient bien différentes. Et Tarek Attia de se souvenir : « Par le passé, lorsque l’Algérie était assez libre sur la contrefaçon, nous étions premiers sur le véhicule industriel Renault en Payen, et le second acteur du marché était la marque Payen…contrefaite ! ».

Diversifier les applications

Reste que si les marques Goetze et Payen se maintiennent en rechange, force est de reconnaître que le marché de l’étanchéité dans les pays dits « émergents » ne fait plus autant recette qu’avant. Et pour cause : les moteurs sont plus performants, durent plus longtemps, les huiles sont de meilleures qualités. En d’autres termes : « Si, hier, la révision se faisait environ à 100 000 km, aujourd’hui, un petit moteur de 1,3 L peut faire 300 000 km avant qu’il soit nécessaire de le faire réviser. Le marché baisse en proportion, c’est assez logique », explique Tarek Attia. Alors, pour palier cette baisse incontournable, Federal-Mogul Motorparts n’hésite pas à faire plus de push sur les produits consommables. Le marché maghrébin est plus gourmand en filtre et autres produits de freinage qu’en pièces d’étanchéité. « C’est simple, explique Tarek Attia, en 2017 nous avons vendu 61 % de consommables au Maghreb alors que nous nous situions à 13 % en 2008. Et ces produits là, nous les connaissons puisqu’ils existent au travers de nos autres marques ». Les marques Goetze et Payen ne seront cependant pas laissées au bord de la route. Bien au contraire. « Nous savons que nous pouvons encore faire évoluer nos parts de marché, avec des importateurs spécialistes de la pièce allemande par exemple, ce qui nous permettrait d’élargir nos gammes et de développer notre activité sur ces applications là… » Dont acte. 

Propos recueillis par Ambre Delage

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.rechange-maroc.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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