Capable de défier l’équipementier mondial allemand, le petit Italien, de Trévise, spécialiste de l’outil de diagnostic, a pris une envergure internationale et su imposer une performance reconnue de tous. Et si l’origine de Texa ressemblait à celle d’Apple…
Comme beaucoup d’aventures de l’automobile, celle de Texa est avant tout une histoire d’homme, d’hommes, devrait-on dire puisqu’à l’origine, ils étaient deux compagnons à se lancer. Mais il est vrai que la vie de Bruno Vianello se fond dans celle de l’entreprise comme s’il tenait le crayon qui en dessinait les desseins. Cet homme féru de Léonard de Vinci, dont il collectionne les ouvrages biographiques, critiques, artistiques, les dessins, les imaginaires, prend chez lui l’image imaginée de son futur. Comme lui, il est parti d’une feuille blanche et d’une observation, d’aucuns diront d’une intuition. Patron d’une concession automobile d’une marque sportive italienne, Bruno Vianello ne comprenait pas pourquoi il était si difficile d’établir un diagnostic sur l’origine d’une panne sur les nouveaux véhicules. Cela se passait dans les années 90 mais on aurait pu aussi écrire 80 ou 70 ou même 60… En effet, Bruno Vianello, tout jeune était passionné par l’automobile, par son fonctionnement surtout, et les surprises que recélaient les moteurs.
Dans les années 80, il est confronté, en tant que professionnel, aux changements colossaux qui animent la planète automobile et les conséquences qu’ils impliquent au niveau de l’atelier. C’est ainsi qu’avec son ami Manuele Cavalli, il cherche des solutions en termes d’outils et de process pour aider les mécaniciens à découvrir les pannes et à les résoudre, en clair à se débattre avec le système électronique du véhicule, qui vient d’envahir l’automobile. De là naît Texa, sans l’ombre d’une ambition orgueilleuse, sinon celle de « faire quelque chose » et d’apporter une aide à la réparation automobile comme il le rappelle lors de l’inauguration du nouvel écrin de Texa, en 2012 : « Je suis même surpris de l’ampleur qu’affiche aujourd’hui Texa. Lorsque j’ai décidé de fonder Texa en 1992, je n’avais pas la folie des grandeurs, ni même l’envie de briller. Ce qui m’a réellement poussé, animé c’est la passion pour la technologie automobile, et l’envie de faire quelque chose pour moi. Mon approche du business était inspirée du même esprit que celui qui me faisait jouer aux petites voitures quand j’étais enfant, ou m’incitait à customiser ma moto à l’adolescence ! »
Une progression fulgurante
Voilà ce que l’on peut lire sur l’un des sites de Texa : « Texa, fondé en 1992 par Bruno Vianello, actuel Président, avec son ami et associé Manuele Cavalli, est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux dans la conception, l’industrialisation et la fabrication d’outils de diagnostic multimarques, analyseurs de gaz d’échappement, stations de climatisation et dispositifs pour le télédiagnostic, destinés aux voitures, motos, camions, embarcations et engins agricoles. » Pourtant, au départ, les premiers outils n’étaient pas aussi perfectionnés qu’aujourd’hui, en revanche, dès le départ, les outils que propose Texa, se révèlent intuitifs et efficaces. Faciles pourrait-on dire. Il fallait, en effet que ces outils soient facilement utilisables par les mécaniciens, avec des arborescences qu’ils pouvaient déchiffrer sans manuel, c’est-à-dire naturellement. C’est ce qui a fait le développement ultra rapide de Texa dans le monde des outils de diagnostic multimarques. Le centre de recherche et développement est vite devenu le lieu hyper stratégique de la maison.
En 1999, Texa amorce un nouveau virage avec le lancement de ce qu’il faudra appeler une success story, l’Axone 2000, « le premier outil permettant à des milliers de clients de se connecter au site de Texa via Internet et de recevoir des mises à jour et des informations techniques en temps réel ». Avec Axone 2000, Texa entre la cour des grands, se voit envier, puis courtiser mais peut-on vendre ses jouets quand on sait qu’on pourra les rendre encore plus attractifs ? La suite se devine aisément avec un développement rigoureux et méthodique des outils de diagnostic moteur, plus généralement automotive (n’oublions pas que Texa s’est forgé une réputation hors pair en diagnostic poids lourd, par exemple), et bien sûr de tout ce qui touche à l’analyse des gaz, et à la climatisation (stations de charge et diagnostic…). Beaucoup de ces outils et équipements sont connus, de la même façon que l’entrée de Texa dans le monde de la digitalisation, du diagnostic à distance, et dans l’univers de tous ces modes sans fil comme les Bluetooth, GPRS, GSM… Le centre de recherche et développement étant déjà et depuis quelques années tourné vers les diagnostics des nouvelles technologies embarquées dans les véhicules électriques, hybrides ou hydrogène. Pourtant, la réussite du groupe ne repose pas uniquement sur la technologie mais sur un esprit spécifique et un drôle de management.
Cadre de vie pour hautes performances
Texa abrite un monde d’ingénieurs dont l’objectif fixé par le boss s’énonce simplement : lorsqu’on a déterminé le produit dont ont besoin les professionnels, sa réalisation ne doit pas être considérée comme un obstacle mais comme un challenge, dont le résultat constitue la première dimension de l’offre du groupe. Un produit de qualité, innovant, pratique et sûr, produit auquel viennent se greffer, les services – la deuxième dimension – à savoir les formations, les données, les schémas, les illustrations, tout ce qui concourt à rendre plus aisée et plus opérationnelle immédiatement, la préhension de l’outil. La troisième dimension étant constituée de la communauté de professionnels instaurée par Texa, une communauté où chacun apporte sa contribution technique, les solutions qu’il a trouvées, les raccourcis, les besoins, les manques : tout se dit et se partage. Mais pour cela, il a fallu compter sur le savoir-faire. Un monde d’ingénieurs et de techniciens habite le nouvel écrin de Texa à Monastier di Treviso. Habite se veut le bon mot, Bruno Vianello désirant que ses collaborateurs « les involved people », viennent ici comme à la maison, d’ailleurs nombre d’entre eux se sont installés tout à côté, dans la campagne environnante, alors qu’ils étaient des universitaires chéris des grandes villes. Mais chez Texa, on vit bien et du coup on crée mieux, on produit mieux et on produit italien, un credo du patron, également.
Pour mémoire, voilà ce qui a été annoncé lors de l’inauguration du nouveau Texa : « Texa fait partie des leaders mondiaux dans le secteur du diagnostic automobile. Grâce à des équipements innovants, l’ambiance de travail est hautement productive et unique en son genre avec la reproduction d’un village ancien qui comprend un café, un restaurant, un musée, un théâtre et une salle de jeu. Tout est mis en œuvre pour pouvoir travailler dans un climat serein et propice à la création. Il y a actuellement 455 employés dont la moyenne d’âge est de 30 ans. Texa est présent dans le monde entier avec un réseau de distribution dense, commercialisant directement via ses filiales en Espagne, France, Grande Bretagne, Allemagne, Pologne, Russie, Japon et États-Unis. Tous les produits Texa sont conçus, développés et fabriqués en Italie : Le «Made in Italy» est un autre des principes fondamentaux de l’entreprise, associé à des critères de qualité extrême. La réalisation du nouvel établissement Texa a nécessité un investissement de 50 millions d’euros. La structure s’est agrandie sur 104 000 m² dont 30 000 couverts. Il a fallu 15 000 mètres cubes de béton armé, 2000 m² de façades vitrées, 2 000 tonnes d’acier et 943 kms de câbles. » Ajoutons que Texa dispose de toutes les normes qualité et environnementales qui existent… Rien n’est trop beau…
Hervé Daigueperce