Présent sur Automechanika Dubaï, trahissant des ambitions justifiées sur le Moyen-Orient et l’export en règle générale, le Groupe Floquet Monopole s’est d’abord révélé par des choix stratégiques nationaux de belle envergure, en s’appuyant sur plusieurs axes de développement de l’aftermarket à la première monte, des pièces moteur aux systèmes de freinage, de la formation professionnelle au développement durable. Enthousiasmant !
Depuis quelques années, nous évoquons la croissance de la société Floquet Monopole présidée par Mohamed Laraqui, mais il nous faut reconnaître que l’entreprise est passé au statut de groupe et que l’activité s’est développée à un rythme étonnant, « exigeant de nombreux sacrifices » commente le fils même de Mohamed Laraqui, Abderrahmane (le même prénom que son grand-père, fondateur de la société) qui nous a reçus sur le stand. Une belle rencontre, d’ailleurs, avec un jeune homme dont les envies d’en découdre avec les marchés ne sont pas sans ressembler à celles de son père. Il faut noter que le jeune homme en question a fait ses études d’ingénieur à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées de Paris et a travaillé pendant 4 ans dans une société de conseil avant que son père ne l’appelle pour l’aider à accomplir tous les projets et à en concevoir de nouveaux. Directeur des opérations, Abderrahmane, en profite pour nous dessiner le groupe Floquet Monopole dans sa nouvelle configuration. En effet, comme il nous l’explique, « l’entreprise s’articule désormais en trois buisines units, l’industrie, le commerce et la formation. Nous sommes, en effet, les fondateurs de l’ESI2A, l’Ecole supérieure d’ingénieurs automobiles et aéronautiques, une école en Bac + 5 spécialisée en mécatronique, agréée par l’Etat et dont les diplômes sont reconnus en Bac + 5 ». Un développement qui ne doit rien au hasard puisque Mohamed Laraqui entend bien fournir des ingénieurs pour la croissance de Floquet Monopole mais surtout pour que les industries automobiles et aéronautiques puissent recruter, sur le territoire national, les professionnels dont elles ont besoin pour la recherche et le développement et toutes les activités industrielles de premier plan, de sous-traitance, ou de construction. La présence des constructeurs automobiles Stellantis et Renault justifiant à elle seule la conception de cette école supérieure !
Montée en puissance en première monte
700 000 pièces en 2016, autour des 3,5 millions prévues en 2026, l’activité première monte s’est imposée dans le groupe au point de prendre la première place devant l’Aftermarket : « Pour ne prendre que le secteur du freinage, nous sommes devenus l’unique fournisseur marocain de systèmes de freinage en première monte pour les véhicules de Stellantis et de Renault. Tous sont équipés de nos systèmes de freinage et nous développons d’autres projets pour ces grands constructeurs. Cela a demandé de très gros efforts pour l’entreprise, beaucoup de sacrifices également », nous confie Abderrahmane, reconnaissant « qu’il a baigné dans cette industrie depuis l’enfance, voyant la société passer de l’Aftermarket à la première monte après l’achat de Floquet Monopole puis participant à l’établissement de l’école de formation. » « C’est un métier exigeant, prenant qui exige de se renouveler en permanence. Le prochain véhicule électrique (MobilEye) sera équipé à Tanger de nouveaux types de systèmes de freinage que nous allons produire, pour l’avant et l’arrière du véhicule ». Notre métier est axé sur la complexité, qui se compte parfois sur des centièmes ! On est loin de certains consommables et du coup, on se retrouve face à de grands groupes internationaux qui investissent beaucoup en Recherche et Développement. C’est pourquoi, nous ne cessons d’étoffer notre bureau d’études et d’analyse, en ressources humains et en moyens, bureau dirigé par Abdellatif Laraqui, pour disposer toujours du savoir-faire nécessaire à répondre aux cahiers des charges des constructeurs. Nous travaillons, d’ailleurs, actuellement sur un nouveau projet qui va nous demander beaucoup de technicité. Je dois ajouter que nous n’aurions pas pu accéder à ce niveau de technologie sans l’aide de l’Etat et de l’AMDIE, qui nous permettent de nous lancer sur ce niveau projet – projet encore confidentiel. Notre objectif est bien sûr de devenir un acteur majeur dans le système de freinage en première monte, tout en n’oubliant pas l’Aftermarket ! ».
Un nouveau souffle pour l’Aftermarket
Prenant de plus en plus d’espace dans l’activité du Groupe, la première monte se montre chronophage et tend à reléguer l’Aftermarket au second rang, un constat que ne nie pas Abderrahmane Laraqui dont les ambitions s’appliquent aussi à ce secteur : « Historiquement, l’Aftermarket est la pierre angulaire du Groupe, et incarne la marque depuis 40 ans ! Nous avions travaillé déjà pour Renault en leur fournissant des pièces moteur dès 1995 et, aujourd’hui, nous livrons Motrio en Aftermarket. C’est une belle histoire que nous voulons dynamiser pour lui rendre la place qu’elle métrite. C’est d’autant plus évident, que notre niveau de qualité s’élève de manière régulière et importante grâce à notre implication dans la première monte. Les pièces que nous livrons en Aftermarket profitant des avancées technologiques de l’OEM et étant fabriquées sur les mêmes équipements sophistiqués. » Et quand on lui demande si le groupe arrive à se positionner sur un marché de prix comme celui du Maroc, Abderrahmane répond sans hésiter : « Nous sommes conscients de la difficulté du marché national mais ne voulons rien concéder en termes de qualité. C’est pourquoi, nous travaillons sur les volumes en fabriquant des pièces à forte rotation. Cela nous permet de proposer des pièces de qualité à des tarifs attractifs. » Et de renchérir : « Bien sûr, aujourd’hui, la part de l’OEM est beaucoup plus importante que celle de l’Aftermarket en volume, en production et en équipement, puisque nous équipons 350 000 véhicules Renault et 200 000 véhicules du Groupe Stellantis. Cependant, notre décision de redynamiser l’Aftermarket s’avère aussi forte que notre volonté d’asseoir davantage encore notre marque et notre notoriété dans ce secteur. Sur la partie pièces moteur, nous sommes en mesure de proposer une offre complète, un package global autour du système de freinage et tout ceci sous notre marque. Parallèlement, nous avons créé une Business Unit Aftermarket avec un manager dédié pour l’Aftermarket au Maroc, en Afrique et au Moyen-Orient. Nous nous sommes rendu compte, en effet, que les professionnels du Moyen-Orient se montraient avides d’accompagnement technique et commercial que nous sommes prêts à fournir. Nous disposons de la qualité de la production, et de la qualité des pièces qu’ils réclament et nous sommes là aussi pour participer eu développement du secteur de l’automobile et de la qualité de ses produits. Mon père a fait évoluer l’activité dans ce sens, a changé de stratégie pour coller aux besoins du marché et ce n’est pas fini. Nous devons, à terme, nous assurer d’une croissance à la fois interne et à la fois interne, afin de stabiliser nos business actuels autant en OEM qu’en Aftermarket et c’est ce qui a justifié nos efforts pour créer l’école d’ingénieurs. Nous allons développer davantage notre offre au Maroc de commodités dans le cadre des systèmes de freinage. Tout ceci réclame des recrutements de professionnels qualifiés pour travailler dans nos bureaux d’études en recherche et en développement. Nous voulons nous appuyer sur l’intégration locale en profondeur. Dans nos objectifs, en effet, s’inscrit la volonté d’être encore plus autonome en produisant nos propres matières premières, nos propres consommables de manière à gagner encore en compétitivité.
Notre vision consiste à maîtriser les process et aussi les matières premières, les ressources humaines en R&D, en travaillant les leviers de la performance, de l’industrialisation, en renouvelant en permanence notre business modèle, en renforçant nos savoir-faire et en poussant notre progression par de la croissance interne et externe. Avec en filigrane, la recherche permanente de la qualité, de la compétitivité et de la productivité. C’est aussi en ce sens que le Groupe Floquet Monopole s’est engagé sur la voie du développement durable. »
Le produire en vert comme vecteur d’optimisation
A la pointe de l’innovation, le groupe Floquet Monopole ne pouvait pas ignorer la question du développement durable devenue une condition sine qua non de l’existence des entreprises de l’automobile comme l’explique Abderrahmane Laraqui : « Floquet Monopole investit dans le développement durable parce que si l’on n’innove pas dans ce domaine, si on ne développe pas d’idées dans ce domaine, on n’existe plus à terme. C’est ainsi, par exemple, que nous avons développé une centrale photovoltaïque grâce à l’accompagnement de l’Etat qui tient à cœur d’aider les entreprises responsables et désireuses de se comporter de manière plus vertueuse en matière écologique et environnementale. L’un des premiers efforts porte sur l’énergie et avec notre centrale de 360 kilowatts, nous sommes devenus la première en entreprise à Fès dotée d’une centrale photovoltaïque. Cela nous a demandé deux ans de travail, mais nous sommes fiers de cette décision. Parallèlement, nous avons une unité de production s’articulant autour de l’intelligence artificielle proche du 4.0. Des capteurs nous donnent les data, et le Groupe actionne tous les leviers possibles de la digitalisation.
Nous voulons vraiment maintenir notre positionnement d’équipementier unique dans ses domaines d’activités.
Hervé Daigueperce