Pièces de rechange : Comment les MRE font le business des ferrailleurs de Casablanca…

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Vous cherchez des pièces de rechange utilisées mais bon marché ? Il suffit de vous rendre à la plus grande ferraille du Maroc. Celle-ci se trouve dans la banlieue de Sbata (Salmia) à Casablanca. Vous y trouverez de tout : de la plus petite vis à l’organe mécanique le plus complexe. Lorsque la rédaction de Rechange Maroc a décidé de m’y envoyer pour y mener une petite enquête, j’ai été, dès mon arrivée, en proie à une grande surprise ! Une nuée de marocains résidents à l’étranger est venue écouler auprès des échoppes des ferrailleurs des tonnes d’organes de voitures usagés et pleins de cambouis. « C’est toujours la crise en Europe et il faut bien que l’on amortisse les frais de notre séjour au Maroc en revendant certaines pièces de voitures glanées ça et là », nous apprend Nabil Akesbi, MRE né à Hay Mohammadi et résidant en Espagne.

Des commandes très spéciales !

La technique la plus commune utilisée au Maroc par les ferrailleurs « conventionnels » pour ravitailler leurs stocks de pièces détachées est encore d’entrer en contact avec un ferrailleur basé à l’étranger. Moyennant une somme convenue, celui-ci leur envoie un chargement de pièces détachées usagées dans un conteneur qui est ensuite ouvert au Maroc, avant d’être trié et vendu au détail. Mais au-delà de cette technique très usitée, certains MRE peuvent ramener directement des pièces détachées de l’étranger dans leurs fourgons lorsqu’ils rentrent au pays, pour les revendre aux ferrailleurs. « Parfois ces mêmes ferrailleurs marocains nous appellent lorsque l’été approche pour nous commander certaines pièces de voiture que nous ramenons avec nous pour leur vendre », poursuit Akesbi.

Certains ferrailleurs achètent des voitures entières aux MRE !

Certains ferrailleurs se procurent des voitures de moins de 5 ans auprès des MRE, les dédouanent avant de les revendre en pièces détachées ! Il faut dire que malgré les prix de dédouanement stratosphériques, les ferrailleurs arrivent quand même à se faire une marge suffisante en se payant sur la «masse» des pièces vendues. Une voiture contient, en moyenne, plus d’une centaine de pièces revendables, en plus du moteur. Quand toutes les pièces vendables sont écoulées, on procède au découpage du châssis de la voiture qui, lui même, est revendu au kilo pour être fondu et recyclé.

Le durcissement des conditions de dédouanement n’y fait toujours rien !

Depuis le 1er janvier 2014, une mesure très impopulaire pour les MRE a été imposée par les services de la douane marocaine. Elle prévoit que seules les affaires importées par les MRE et qui sont destinées à leur usage personnel seront admises sur le territoire national.

L’administration des Douanes et Impôts indirects (ADII) compte s’attaquer ainsi à certaines marchandises en provenance de l’étranger qui souvent constituent un trafic lucratif pour les résidents marocains à l’étranger. Ces derniers rentrent chaque année au pays avec des camionnettes surchargées de produits en tous genres.

Pour Nabil Lakhdar, directeur de la Facilitation et de l’Informatique à l’ADII : « de telles marchandises sont souvent de très piètre qualité : il s’agit de ferraille, de pièces détachées de véhicules usagés et même parfois de plaquettes de freins d’occasion ! ». Et de poursuivre que : « ces marchandises constituent souvent un véritable danger, en même temps qu’un manque à gagner pour l’Etat et constituent une concurrence indirecte vis-à-vis des vendeurs patentés au Maroc ».

Un problème écologique aussi…

Lorsque nos MRE improvisés ferrailleurs repartent après avoir écoulé leur marchandise, ils laissent derrière eux un véritable capharnaüm de pièces et de boulons gras et entachés d’huile. La ferraille, qui n’était pas non plus totalement propre à la base, prend cette fois les allures d’une véritable décharge publique. « On se demande pourquoi certains ramènent parfois des pneus complètement déchiquetés d’Europe ou encore des bougies entièrement brûlées de voitures ? A quoi cela peut-il bien servir ? Le Maroc n’est pas un dépotoir ! », s’indigne un client régulier de la ferraille de Casablanca.

  Mohamed Mounadi

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.rechange-maroc.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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