Sièges de Soja…

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Certains équipementiers automobiles fabriquent des sièges de voitures à base de… soja !

Des centaines de millions de gens dans le monde consomment tous les jours du soja sous différentes formes. Mais très peu de personnes savent qu’elles sont peut-être, en ce moment même, assises sur un siège de voiture fabriqué à base de mousse de soja ! Il faut dire que la présence du soja en tant que matériau intervenant dans l’industrie automobile ne date pas d’hier. L’année 2018 marquera le 10ème anniversaire de l’utilisation, pour la première fois dans la production automobile, d’une mousse fabriquée à base de soja sur les sièges d’une voiture de série. Depuis 2011, le soja est devenu le matériau le plus utilisé dans le rembourrage de sièges, de dossiers et d’appuie-têtes de presque l’ensemble des véhicules fabriqués dans le monde.

Les biomatériaux, matière première de l’avenir…

L’idée d’incorporer des biomatériaux dans la fabrication de véhicules n’est pas une chose nouvelle. Déjà, dans les années 1940, de nombreux constructeurs automobiles avaient commencé à réfléchir aux moyens de développer de nouveaux matériaux élaborés à base de plantes et qui seraient destinés à remplacer les traditionnels plastiques dérivés du pétrole. Aujourd’hui, il n’existe pas moins de huit matériaux différents à base végétale qui peuvent être utilisés dans l’industrie automobile : on peut citer le soja, mais aussi le blé, le riz, le ricin, le kenaf (hibiscus), la cellulose d’arbre, la fibre de jute et la noix de coco. Au fur et à mesure que les expérimentations se poursuivent, la liste des ressources renouvelables s’allonge pour intégrer également la paille de blé, l’écorce de tomate, le bambou, la fibre d’agave, le pissenlit et même l’algue ! Les chercheurs explorent également les possibilités d’utilisation du carbone lui-même, pour produire des mousses et des plastiques à base de dioxyde de carbone.

Un véritable défi technique…

Fabriquer des sièges de voitures à partir de mousse de soja s’apparentait, dès le départ, à un véritable défi technique. Les premières mousses développées à base de graines de soja étaient franchement horribles ! Elles ne présentaient aucune des propriétés nécessaires pour en faire un matériau utile au rembourrage de sièges automobiles. Les premières mousses ne respectaient aucune des normes caractéristiques aux sièges de voitures, qui devaient garder leurs capacités rebondissantes pendant plus d’une quinzaine d’années. Sans oublier qu’au tout début, la mousse de soja et les matières à base de pétrole ne pouvaient être mélangées ensemble. De plus, la mousse de soja ne sentait pas très bon ! Il fallait donc explorer minutieusement de nouveaux procédés et de nouvelles formules techniques, à même d’éliminer les composants odorants qui se trouvaient dans la mousse. Aujourd’hui, si l’on prend par exemple un constructeur tel que Ford, ce dernier a produit pas moins de 18,5 millions de véhicules en utilisant de la mousse de soja, ce qui a nécessité la transformation en mousse de près d’un demi-trillion de graines de soja ! Grâce à cette utilisation industrielle à grande échelle du soja dans la fabrication des garnitures de ses sièges de voitures, le constructeur a réussi à réduire d’environ 103.419 millions de grammes ses émissions en dioxyde de carbone. Une telle quantité équivaut à la consommation annuelle en dioxyde de carbone de 4 millions d’arbres, si l’on se base sur des chiffres publiés récemment par la North Carolina State University !

Le soja, plus efficace que le pétrole !

La mousse de soja s’impose donc, aujourd’hui, comme alternative végétale et écologique sérieuse face aux différents produits pétroliers qui étaient utilisés jusqu’ici dans la fabrication de sièges de voitures. Bien évidemment, ce travail d’implémentation de biomatériaux à nos véhicules ne s’est pas accompli du jour au lendemain. Il a fallu des années avant que l’industrie automobile n’en comprenne réellement tout le potentiel. Il y a de cela une dizaine d’années, les prix du pétrole avaient considérablement chuté, puisqu’ils se négociaient à moins de 40 dollars le baril. A l’époque, peu de gens voyaient un gain financier quelconque dans le fait de rendre leur industrie plus
« verte. » De fait dans ce contexte, réussir à convaincre les industriels que la mousse de soja était le matériau de l’avenir ne fut pas chose facile. En 2008, lorsque les prix du pétrole sont remontés en flèche, la valeur de la mousse de soja est soudain devenue évidente ! Il fallait absolument essayer de trouver des moyens moins coûteux et moins polluants pour remplacer le polyol fabriqué à base de pétrole. Aujourd’hui, la mousse de soja est utilisée dans diverses industries : agriculture, ameublement, articles ménagers, etc.

Et ce n’est qu’un prélude pour une future révolution verte…

Dans une certaine mesure, la mousse de soja a contribué à faire diminuer le taux d’émission de gaz à effet de serre, puisque ce matériau a permis des réductions relatives de poids, améliorant la consommation en carburant de nombreux véhicules. Les recherches sur le soja promettent des innovations et des recherches encore plus radicales : le soja devrait par exemple bientôt commencer à remplacer les composants en caoutchouc que l’on retrouve dans les voitures, à l’instar de certaines jointures, des balais d’essuie-glace et même des pneus ! Il existe un intérêt à commencer à exploiter toute la vaste gamme de matériaux que Dame Nature procure et de l’employer de la façon la plus parcimonieuse et frugale qui soit. Plus des plantes ou des déchets végétaux seront utilisés dans l’assemblage de nos véhicules et plus les émissions en CO2 seront réduites tout en fournissant aux agriculteurs de nouvelles sources de revenus.

   Mohamed Mounadi

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.rechange-maroc.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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