A deux mois du salon, Rechange Maroc a interviewé Mohamed El Housni pour qu’il nous révèle les avancées du M.A.T. Un président rayonnant face au doublement de la surface retenue par rapport à l’édition précédente et qui nous a répondu au siège du GIPAM, dans leurs propres bureaux !
« Le salon se présente bien et j’ai été agréablement surpris par l’engouement des professionnels à obtenir une place dans cette troisième édition du M.A.T. (Moroccan Automotive Technologies, ndlr) » commence Mohamed El Housni dans la grande salle de réunion des bureaux du GIPAM, acquis grâce aux actions de l’association et au salon lui-même. « La plupart des exposants sont des marocains et je m’en félicite, car c’est un salon dédié aux marocains : nous voulons parler à nos clients ». Et d’ajouter : « Nous allons tout faire pour mettre en valeur le produit marocain. Bien évidemment, nous sommes des importateurs distributeurs, mais nous sommes convaincus qu’il faut soutenir les produits qui sont fabriqués au Maroc et, en les mettant en avant sur le salon, nous leur apportons une image de qualité. Beaucoup de professionnels achètent des filtres et des plaquettes de frein fabriqués au Maroc, mais ce n’est pas suffisant, car nombre d’entre eux ne connaissent pas forcément la provenance des produits. C’est pourquoi, nous avons préféré dédier un stand particulier, un espace privilégié pour le « Made in Morocco » et nous l’avons proposé aux fabricants marocains qui ont adhéré à l’idée de ce rassemblement inédit. Il leur revient d’aménager l’espace comme ils l’entendent, puisqu’ils disposent de 200 m², ce qui n’est pas neutre ! Si tout est concrétisé dans les semaines à venir, nous devrions avoir des représentants de nombreux produits qu’on fabrique dans notre pays, comme les filtres, les batteries, les produits de freinage, les câbles de frein et d’embrayage, les joints, le vitrage, les ressorts, les liquides… Les lubrifiants bénéficieront de leur propre stand dédié depuis que les producteurs ont rejoint le GIPAM ».
Un espace d’échanges et de réflexion
Fort de cette réussite en termes de réservation, Mohamed El Housni a mis l’accent sur un point fondamental selon lui : « C’est notre troisième édition et nous mettons en place un salon qui est conforme à nos idées. Ce qui nous permet de profiter d’un endroit idéal pour nous parler, prendre le temps de nous voir vraiment et de travailler ensemble sur les problématiques de notre profession. Par exemple, envisager la question de la contrefaçon sur un angle professionnel, en montrant que ce n’est pas banal comme beaucoup le pensent mais un sujet à traiter en mobilisant les efforts de tous pour l’éradiquer. Il n’est pas normal qu’on continue de croire que ce n’est pas si grave. Et c’est en mettant en avant notre savoir-faire que nous participons aussi à ce combat. »
« De la même façon, reprend Mohamed El Housni, nous souhaitons que ce salon soit une exposition de notre savoir-faire, du savoir-faire marocain et je fais le vœu qu’à l’avenir, tous les acteurs de la fabrication marocaine exposent sur le salon M.A.T. Je précise que dans la fabrication marocaine, je compte les produits fabriqués au Maroc que ce soit par des marocains ou par d’autres professionnels. Et dans le prolongement de cette donnée essentielle, que le salon prenne une autre dimension, englobant l’Afrique. »
Distribution et fabrication locale, l’harmonie ?
« Celui qui s’arrête sur l’opposition entre importation et fabrication cherche à créer la zizanie. Il n’y a pas de problème entre nous. 90 % de la production locale est distribuée par les importateurs distributeurs et nous voulons avoir avec nous les fabricants nationaux. Cependant, il est vrai que le Maroc ne produit pas toutes les familles de produits et que dans les familles de produits produites, il n’y a pas toutes les références. Il va de soi que nous devons importer les produits dont nous ne disposons pas ici. Notre objectif n’est donc pas de créer des problèmes où il n’y en a pas, mais de travailler ensemble à inciter de nouveaux professionnels à produire au Maroc. Et nous sommes là pour les protéger. Bien sûr, nous leur demandons d’être compétitifs face aux produits importés, tant au niveau qualitatif qu’au niveau des prix. »
Plus qu’un souhait, miser sur la fabrication locale se veut quasiment une mission par le Président du Gipam qui entend « professer » pour une professionnalisation, une structuration du commerce de ces produits. « Nous avons des discussions avec les fabricants mais nous devons aller plus loin, concevoir des programmes pour acheter plus chez eux. Et qu’ils produisent davantage dans notre sens afin d’être concurrentiels avec les internationaux. Le GIPAM souhaite que l’on réussisse ensemble à trouver une solution qui s’appuierait sur des statistiques précises, des préconisations de stock, voire une charte commune qui viserait à faire évoluer ce commerce allant dans les deux sens. Par exemple, à titre personnel, j’attends que le producteur national se focalise davantage sur la qualité et la diversification des références. Entre faire savoir et savoir-faire il y a de la marge et il nous faut donc clarifier les choses ».
L’après-vente constructeurs bienvenu
En voyant des noms de constructeurs inscrits sur le plan, nous avons demandé à Mohamed El Housni si l’après-vente constructeurs s’intéressait davantage au M.A.T. et s’ils étaient les bienvenus auprès des indépendants. « Dès notre premier salon, nous avons toujours été ouverts aux après-vente des constructeurs, précise-t-il et nous avons envoyé des invitations à l’AIVAM pour qu’ils participent au salon. Parallèlement, j’ai essayé de communiquer davantage avec les directeurs de concessions, afin qu’ils fassent venir leurs directeurs après-vente. Les résultats sont encore timides, mais nous pouvons compter sur un accord de principe de Motrio et nous discutons aussi avec Hyundaï, avec Stellantis et il y aura la représentation de KIA via Piassaty, etc. Nous espérons toujours plus ! (Interview réalisé deux mois avant le salon, ndlr)
Comme les équipementiers internationaux …
Sur la question de la venue des équipementiers internationaux, Mohamed El Housni se montre plus circonspect : « Nous sommes ravis de voir notre surface d’exposition doublée cette année et cela comprend aussi des représentants de Valeo, de Bosch, de Mann, qui ont des filiales au Maroc. C’est une bonne nouvelle en soi et il faut que cela reste ainsi. A savoir que si nous apprécions beaucoup la venue des équipementiers internationaux, nous souhaitons que cela vienne d’eux. En clair, qu’ils viennent parce qu’ils sont convaincus de l’intérêt du salon et non parce que nous les avons sollicités ou « obligés » comme partenaires fournisseurs. » Et quand on lui demande si le fait qu’il y ait les fournisseurs puisse gêner les distributeurs, il répond vivement : « C’est un faux problème ! L’équipementier qui vient parle du produit, donne des informations techniques et délivre des formations, il ne fait pas de la prospection de distributeurs. En plus, il épargne du temps au distributeur en expliquant les propriétés du produit ou des services qui l’accompagnent. Cela nous aide au contraire. Et si l’on envisage le fait que certains souhaitent recruter, ils n’ont pas besoin du salon pour le faire. Vraiment, je ne veux pas que les fournisseurs viennent parce qu’on leur a demandé mais parce qu’ils sont convaincus que c’est nécessaire pour leur activité. Par ailleurs, le fait que les équipementiers internationaux viennent sur le même salon que les fabricants marocains est une bonne chose parce que la concurrence est saine dans toutes les activités commerciales. D’autant que tous les distributeurs les plus représentatifs du pays sont là, dont AD qui n’était pas exposant lors de la dernière édition. »
Et qu’en est-il des chinois ?
« Nous sommes un salon destiné au marché local, martèle Mohamed El Housni et nous cherchons à mettre en valeur et à éduquer notre marché nous-mêmes avec nos clients, tout en mettant en valeur nos produits « Made in Morocco ». Ce que nous refusons, ce sont des exposants potentiels recrutés par des agences de communication ou de publicité qui ne se préoccupent pas de l’origine de ces exposants. Nous voulons savoir qui fait quoi et être libres de refuser des entreprises chinoises ou turques ou d’un quelconque pays pour lesquelles nous n’avons pas d’informations sur la qualité, l’origine des produits. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas de produits chinois ou indiens qui viennent concurrencer les produits qui sont fabriqués au Maroc. Nous voulons des sociétés structurées et identifiées, pas des emballeurs. »
Eprouvez-vous des regrets sur des acteurs manquants éventuels ?
« Je suis enthousiasmé par le tour que prend l’évolution de notre salon et n’exprime pas de regrets. La première édition s’apparentait à une aventure, la seconde à une reconnaissance, et la troisième s’est apparentée à un succès dès qu’on l’a annoncée. J’espère que cela va continuer comme cela. Il n’y a pas mieux qu’une activité qui avance et progresse de façon logique ! »
Hervé Daigueperce