Alors qu’il avait inauguré la première « saison » du GIPAM, Mohamed El Housni, le président de Copima, vient de prendre les rênes de l’association pour un deuxième mandat à la suite de Driss Guennoun, le président d’Automium ne se représentant pas (voir notre article). Le nouveau Président Mohamed El Housni nous a reçus et dévoilé ses motivations et certains de ses projets pour le développement du groupement.
De la raison d’un nouveau mandat…
« Driss Guennoun a annoncé qu’il ne se représentait pas pour un second mandat et j’ai senti qu’il y avait beaucoup de travail à accomplir et que les ambitions de mieux faire étaient bien présentes. C’est pourquoi je me suis présenté une nouvelle fois devant le bureau. En outre, 2024 est l’année de la troisième édition du salon M.A.T. et tout ceci requérait de la bonne volonté et du travail que je suis prêt à fournir avec l’équipe du nouveau bureau constitué. Et puis surtout, il y a un projet qui me tient particulièrement à cœur ainsi qu’à de nombreux membres du Gipam, celui de promouvoir les produits fabriqués au Maroc ? Mettre l’accent sur la production locale, discuter des projets en cours comme Salamatouna, préparer le salon, Renforcer le lien avec les différentes parties prenantes de notre métier : MCIA – Douane – IMANOR, etc. Il faut être impliqué à 100 % pour répondre à toutes les attentes des membres du Gipam et aux exigences qu’impose notre métier. Voilà pourquoi je me suis présenté. Toutes les personnes qui ont participé à la naissance du GIPAM le considèrent comme leur « bébé » et ressentent comme un devoir de le protéger, de le faire grandir et de l’éduquer !
Comment envisagez-vous la continuité de l’association Gipam ?
Les trois premières années ont eu pour mission de mettre en place le nom Gipam pour qu’il soit entendu et reconnu. Cela prend beaucoup plus de temps que l’on s’imagine. Les trois années suivantes avec Driss Guennoun, nous sommes passés à l’étape suivante, qui a consisté à commencer à travailler avec les institutions, avec l’Etat, la douane, le ministère pour évoquer toutes nos problématiques. Nous avons mis sur la table de très nombreux projets, maintenant il faut passer à l’action et faire en sorte de concrétiser nombre de sujets que nous avons envisagés. Nous avons besoin d’un groupement solide, fiable, qui a son nom reconnu et qui contribue à traiter les problématiques qu’il y a sur le marché. Tout le monde y gagnera, l’Etat, le consommateur et nous les professionnels de la distribution, de la réparation et de la fabrication. Dans ce combat pour la défense de notre activité, les contraintes liées à la protection des personnes et à la traçabilité des produits liées au Covid ont contribué à identifier les acteurs et les pratiques de la contrefaçon. Salamatouna, et les contrôles de l’Etat ont parachevé cette avancée notable dans la lutte contre les fraudeurs de tous types.
Quelles sont vos priorités, et comment vous êtes-vous présenté à vos pairs ?
J’ai d’abord remercié tous les membres pour leur action. J’ai évoqué la nécessité qui nous incombe de tous s’entraider, puis j’ai donné les grands titres de mon mandat à venir. Comment améliorer les affaires, le travail au Maroc , l’importation ou la fabrication sur le marché national en faisait partie, de la même façon que la poursuite des relations avec la douane, parce qu’il y a beaucoup de problématiques à assainir en les posant de manière efficace et productive.
Vous comptez donc vous investir aussi sur le label Salamatouna ?
Depuis le début du label Salamatouna, le GIPAM travaille à son développement et à améliorer les process. Il me revient de continuer notre implication dans le nouveau Salamatouna, tout en gardant à l’esprit que nos membres ne sont pas tous Salamatouna, ou pas encore, et que le GIPAM doit aussi les représenter et défendre leurs intérêts. Le Gipam concerne tous les membres et pas seulement ceux qui ont obtenu le label. Quand on est Salamatouna, on est exonéré des contrôles systématiques et c’est une belle avancée, cependant, on est aussi là pour ceux qui n’ont pas le label et qui doivent s’acquitter de sommes importantes pour les tests.
Certaines familles de produits sont soumises à des tests qui touchent plusieurs références ! La facture s’avère trop lourde, et nous allons donc tenter de convaincre le ministère que cela représente beaucoup de temps et d’argent alors que les process de fabrication sont identiques. Même pour Salamatouna, nous devons veiller à ce que cela soit cohérent. Nous avons notre rôle à jouer car malgré les améliorations, il y a aussi des choses à enlever qui ne sont plus intéressantes pour l’objectif fixé. Il faut également se pencher sur les coûts que le label représente pour l’importateur ou le fabricant. L’obtention de la norme ISO 9001 est une bonne chose en soi, mais représente quand même un coût élevé que doivent supporter aussi des entreprises de petite taille. Nous en avons déjà parlé avec Imanor et devons les revoir à ce sujet. En effet, l’objectif de Salamatouna consiste à avoir le plus de professionnels possibles labellisés, ce qui ne sera pas possible si le ticket d’entrée s’avère trop élevé. Je crois que nous devons nous pencher sur le problème du coût pour permettre à tous d’obtenir le label et donc faire en sorte que ce soit accessible. Que l’on ne mette pas un frein à une démarche qui nous sert tous.
Vous parlez d’IMANOR et il y a aussi le CETIEV avec lequel vous travaillez ?
Le CETIEV est effectivement un outil mis à la disposition du métier par le Ministère. Dans ses missions, il y a le contrôle à l’importation. Certes, il n’est qu’exécutant des directives du Ministère dont il dépend, mais ce qu’on peut lui reprocher, c’est le temps mis à effectuer les tests de conformité, et les coûts induits. Nous voulons travailler sur ce problème et faire en sorte d’améliorer les démarches, comme d’éviter les frais de magasinage, qui plus est au profit de sociétés qui ne sont pas marocaines et qui provoquent de la sortie de devises. D’autant qu’il peut y avoir des désaccords qui entraînent encore plus de temps !
Que proposez-vous en cas de litige avec les décisions du CETIEV ?
Il me semble que la Gipam pourrait jouer un rôle plus important dans le cadre d’un litige, lorsque des professionnels contestent les décisions du Cetiev. Il s’agit de mettre l’accent sur la durée des tests et les coûts que cela représente. Peut-être faudrait-il investir dans de nouvelles machines plus efficaces et donc moins chronophages ? Peut-être pourrions-nous suppléer le fournisseur international qui doit dépêcher un ingénieur pour examiner la procédure, ce qui représente là encore du temps et de l’argent. En effet, nous pouvons assister aux tests mais si le fournisseur n’est toujours pas d’accord, il faut se retourner vers le Ministère pour obtenir une autorisation pour faire venir un ingénieur. Ce ne serait pas une mauvaise idée que le Gipam s’occupe de cette phase qui ferait gagner du temps et de l’argent et pourrait contribuer à faciliter les interventions du Cetiev. En fait, nous demandons plus de souplesse sans remettre en cause le Cetiev, car derrière nous il y a des équipementiers internationaux qui veulent comprendre pourquoi leurs pièces sont refusées. Ils demandent si les équipements et les machines de tests correspondent aux tests demandés, puisqu’ils ont aussi fait des tests dans leurs pays respectifs. Ils veulent comprendre et si nécessaire modifier des composants, des traitements etc. dans leurs productions. Pour cela, il faut l’intervention d’un ingénieur. Nous proposons de le fournir pour gagner du temps. Ces mêmes fournisseurs nous demandant si les investissements dans les équipements du CETIEV sont suffisants pour absorber les dernières technologises, d’autant qu’ils estiment « partager » les frais à la hauteur de tous les tests qu’on leur fait faire. Il est nécessaire d’accroître la confiance entre les parties et de travailler en toute transparence. C’est pourquoi, le Gipam se propose d’être un intermédiaire dans les conditions qu’on a évoquées. »
Le salon M.A.T. est désormais programmé (Du 14 au 17 novembre 2024), comment l’envisagez-vous, quelles voies nouvelles allez-vous choisir ?
Le salon Moroccan Automotive Technologies est ce qu’il est avec ses qualités et ses défauts, mais il faut qu’il nous ressemble, c’est-à-dire que la majorité des exposants doivent être des importateurs de pièces et d’équipements ou des fabricants de pièces au Maroc. Ceux qui nous intéressent, nous importateurs ou nous fabricants, s’intéressent au Maroc, au local, ce sont aussi des équipementiers internationaux européens qui veulent vendre sur notre marché. Bien évidemment, nous sommes partisans de gagner de l’argent avec le salon, mais notre objectif numéro 1 consiste à ce qu’il soit intéressant. En clair, on ne veut pas aller chercher des exposants chinois qui n’ont rien à voir avec nous.
Parallèlement, nous travaillons avec Adil Bennani de l’AIVAM pour que leurs membres concessionnaires viennent exposer, non pas des voitures – nous n’avons pas vocation à devenir un salon de l’auto – mais avec des pièces et composants de l’après-vente automobile. Nous avons également comme objectif, d’accueillir des garagistes, des professionnels du pneumatique, du lubrifiant, des logiciels etc. Tout en partageant la même méthode, à savoir mobiliser et encore mobiliser les clients pour qu’ils viennent les plus nombreux possibles. Nous allons faire le travail en amont pour que cela soit plus intéressant encore.
Un salon qui parle de nous, de notre métier et qui ne soit pas là que pour gagner de l’argent, voilà ce qui nous anime. Et il doit être là aussi mettre en avant la fabrication locale face à laquelle nous en devons pas mettre n’importe qui ! Par ailleurs, nous nous sommes donnés pour tâche de rendre le salon M.A.T. plus africain. Beaucoup d’idées ont déjà été évoquées et nous y travaillons parce que nous nous demandons encore si cette nouvelle étape est prématurée ou bien située dans la progression du salon. Nous recherchons le meilleur timing. Les sujets de réflexion sont tellement nombreux !
Hervé Daigueperce